SunEdison dans la tourmente ?
SunEdison, le plus grand développeur d’énergies renouvelables et notamment de projets photovoltaïques, entre à son tour dans la tourmente. Levée de fonds successives et mémorables, lignes de crédit très étendues, et donc dettes abyssales, reprises de sociétés tous azimuts pour asseoir sa présence au niveau mondial … l’Américain a ainsi accéléré sa croissance, mais le cumul pourrait bien annoncer une fin de règne. Avec le report de son bilan financier 2015 et l’annulation d’une fusion-reprise avec son compatriote spécialiste du PV résidentiel Vivint Solar annoncée à quelque 2 milliards de dollars, la question, aujourd’hui, consisterait juste à savoir combien de temps le groupe peut encore tenir ses créanciers à distance.
Une procédure de mise sous protection contre la faillite (chapter 11 bankruptcy filing) se profilerait ainsi à l’horizon. De fait, la dette de SunEdison dépassait les 11 milliards de dollars fin septembre 2015, et des négociations seraient en cours avec des créanciers, selon le Wall Street Journal. Au-delà, les rumeurs vont bon train dans toute la presse financière. Pour Bloomberg, SunEdison a grandi très vite, trop vite, et aurait levé trop de fonds. Le site signale la chute de l’action du groupe : -95% depuis juin 2015 ! L’une des filiales du groupe, la yieldco Terraform Global, a en outre lancé un avertissement pour risque de faillite de SunEdison à la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme américain de la bourse, qui aurait déjà commencé à scruter la société de plus près pour déceler d’éventuelles « erreurs » dans ses déclarations financières passées.
Le groupe américain avait déjà annoncé une forte réduction de sa voilure il y a quelques semaines : vente d’une usine de production de tranches de silicium en Malaisie (la transaction devait être finalisée en mars 2016), fermeture d’une usine de production de silicium multicristallin au Texas, recentrage des activités du centre de R&D en Oregon, etc. Tout cela pour une charge financière supplémentaire de quelque 600 millions de dollars.
Concurrence sur les prix pour décrocher des contrats, accords tous azimuts, présence sur tous les continents, projets en cours de construction et en développement en nombre et volume incroyables (2,9 GW en construction,et un pipeline de projets de 7,9 GW dont 5,5 GW engrangés sous forme de commandes), et aussi soucis de performance sur des sites construits notamment en Grande-Bretagne (des sous-rendements de l’ordre de 5% comparé aux simulations), marché que SunEdison a d’ailleurs quitté en octobre 2015, après l’annonce de la baisse drastique des aides au solaire … la bulle ne peut qu’exploser … un jour !
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