RTE détaille les conditions pour piloter l’électrification d’ici 2035
RTE, gestionnaire du réseau de transport d’électricité français, a présenté mercredi 7 juin l’étude « Comprendre et piloter l’électrification d’ici 2035 ». À cet horizon, la consommation d’électricité devrait fortement augmenter en France pour se substituer aux énergies fossiles. La France peut y faire face, à condition d’accélérer le développement des énergies renouvelables, de maximiser la production nucléaire des réacteurs existants, d’accroître l’efficacité énergétique et de développer la sobriété.
RTE a confronté les hypothèses au regard des retours des parties prenantes dans le cadre d’une consultation publique, et des Français dans le cadre d’une enquête d’ampleur menée avec Ipsos auprès d’un échantillon de 11 000 à 13 000 personnes. Il en ressort que les Français sont conscients du changement climatique et des évolutions de modes de vie que cela implique mais doivent être accompagnés.
Ces travaux permettront l’élaboration du Bilan Prévisionnel 2035, articulé autour de trois scénarios, et dont la publication est prévue en septembre 2023.
L’électrification est un défi sociétal et industriel à relever dans les prochaines décennies. Les nouvelles trajectoires tiennent compte des grandes transformations intervenues au cours des dix-huit derniers mois (« Fit for 55 » européen, guerre en Ukraine, réindustrialisation et relocalisation, avancement de la planification écologique et précision sur la trajectoire électrique). Notamment, les nouveaux objectifs, climatiques et industriels, européens impliquent de sortir plus rapidement des énergies fossiles, à la fois pour les entreprises (tertiaire et industrie), les services publics et les ménages, souligne l’étude.
Ceci va entrainer une nette hausse de la consommation d’électricité à l’horizon 2035. Des consommations comprises entre 580 à 640 TWh à cette échéance sont possibles dans un scénario d’atteinte de tous les objectifs de décarbonation et de réindustrialisation. RTE a également étudié des scénarios avec une consommation électrique plus basse, jusqu’à environ 500 TWh.
Bonne nouvelle : même dans le cas le plus haut, la France dispose des moyens d’alimenter ces besoins en électricité par une production quasi intégralement bas-carbone d’ici 2035, assure RTE. Cela implique d’activer impérativement quatre leviers essentiels : l’efficacité énergétique, la sobriété, l’optimisation de la production du nucléaire existant et l’accélération du développement des renouvelables. Il s’agit d’une trajectoire d’accélération, avec quelques degrés de liberté mais peu de marge, détaille l’étude.
Les Français sont conscients de ce défi
Il existe une réelle prise de conscience des Français sur le dérèglement climatique et la nécessaire transformation des modes de vie pour atteindre la neutralité carbone. Néanmoins, de nombreux freins restent encore à lever et des conditions clés doivent être réunies. L’enquête RTE-Ipsos reflète l’opinion des Français à date. Elle doit être traitée comme un fait et un « point zéro » pour répondre à la question : d’où partons-nous ?
L’enquête permet de classer les actions en faveur de la transition énergétique en trois niveaux de difficulté :
- Niveau 1 : Les Français sont aujourd’hui ouverts à certaines des transformations nécessaires, gestes de sobriété simples et changements d’équipements notamment, pour atteindre la neutralité carbone comme la poursuite des actions de sobriété mises en place durant l’hiver 2022-2023, un premier niveau d’électrification du transport individuel et du chauffage, ainsi que le déploiement de moyens de production décarbonés pour remplacer les énergies fossiles.
- Niveau 2 : Certaines transformations touchant plus particulièrement aux modes de vie sont envisagées par une partie des Français mais sont perçues comme plus difficilement accessibles en l’état, comme la réduction de l’usage de la voiture pour d’autres moyens de transport moins émetteurs de CO2, la réduction de la taille de la voiture, la rénovation des bâtiments et la réduction de la taille des surfaces des logements.
- Niveau 3 : Certains changements des modèles de vie, envisagés comme des leviers pour atteindre la neutralité carbone sont, à ce jour, en net écart, avec les aspirations ou les désirs des Français et se heurtent à des freins culturels ou organisationnels importants. Il s’agit du renoncement au véhicule individuel, du partage des espaces de vie et de la bascule vers le logement collectif.
De façon globale, le volet économique et la question du pouvoir d‘achat ressortent très largement comme la préoccupation principale. L’enjeu de solutions adaptées aux situations de chacun, économiquement mais aussi territorialement, et perçues comme « justes », sont parmi les clés de l’électrification, conclut l’étude.
Document de synthèse de l’étude
RTE, gestionnaire du réseau de transport d’électricité français, assure une mission de service public : garantir l’alimentation en électricité à tout moment et avec la même qualité de service sur le territoire national grâce à la mobilisation de ses 9 500 salariés. RTE gère en temps réel les flux électriques et l’équilibre entre la production et la consommation. RTE maintient et développe le réseau haute et très haute tension (de 63 000 à 400 000 volts) qui compte près de 100 000 kilomètres de lignes aériennes, 7000 kilomètres de lignes souterraines, 2900 postes électriques en exploitation ou co-exploitation et une cinquantaine de lignes transfrontalières. Le réseau français, qui est le plus étendu d’Europe, est interconnecté avec 33 pays. En tant qu’opérateur industriel de la transition énergétique neutre et indépendant, RTE optimise et transforme son réseau pour raccorder les installations de production d’électricité quels que soient les choix énergétiques futurs. RTE, par son expertise et ses rapports, éclaire les choix des pouvoirs publics.
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