L’électronique de puissance intégrée dans les modules PV gagne des parts de marché
Le marché mondial de l’électronique de puissance dans les modules solaires (MLPE, ou Module level power electronics), qui regroupe les micro-onduleurs et les optimiseurs de puissance, devrait croître à un rythme moyen annuel de 19%% jusqu’à dépasser un milliard de dollars en 2019, estime IHS Technology. Selon la société d’études de marché, le prix moyen des onduleurs PV classiques a chuté de 16% en 2014 mais les revenus des fournisseurs de produits MLPE ont affiché une hausse de 30% sur l’année 2014 pour atteindre 430 millions de dollars.
« Les Etats-Unis constituent toujours le marché le plus porteur pour les produits MLPE cette année grâce à des ventes en hausse dans les secteurs résidentiels et commerciaux et à une prise de conscience des avantages des micro-onduleurs et des optimiseurs de puissance », avance Cormac Gilligan, analyste senior chez IHS Technology. Selon l’étude « PV Inverter Intelligence Service », les fournisseurs de produits MLPE ont aussi gagné des parts de marché au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en France, en Australie et dans d’autres régions du monde. Au cours des cinq prochaines années, les installations PV réalisées de par le monde dans les secteurs du résidentiel et du « petit » commercial devraient représenter un volume de 75 GW(AC), dont 20% rien qu’aux Etats-Unis. « Le potentiel de croissance pour les produits MLPE dans le monde hors Etats-Unis est énorme » juge Cormac Gilligan. Plusieurs fabricants de panneaux photovoltaïques, comme par exemple LG, Jinko Solar et autres SunPower, ont par ailleurs soit signé des accords de partenariat avec des fournisseurs de produits MLPE ou décidé de développer leurs propres micro-onduleurs. Pour Cormac Gilligan, les fournisseurs de modules solaires ont reconnu la valeur ajoutée apportée par l’intégration d’un micro-onduleur pour créer un panneau PV AC ou d’un optimiseur pour aboutir à un panneau PV intelligent en sortie d’usine. Ceci leur permet aussi de se différencier par rapport à leur concurrence et d’offrir plus d’options à leurs clients. La reprise du fabricant de micro-onduleurs SolarBridge par SunPower l’an passé serait aussi la preuve d’une prise de conscience qu’une acquisition est plus valorisante qu’un partenariat. Cette reprise a aussi augmenté de façon significative la « bancabilité » des micro-onduleurs, selon IHS.
Selon IHS, Enphase est resté le leader mondial des micro-onduleurs l’an passé grâce à une importante part de marché dans le segment du photovoltaïque résidentiel aux Etats-Unis mais aussi du fait de son expansion poussée vers de nouveaux marchés en Europe et en Asie. L’Américain a publié un chiffre d’affaires de 343,9 millions de dollars pour l’année 2014, en hausse annuelle de 48%, et un volume de livraisons de 575 MW(AC), soit 62% de plus que l’année précédente. SolarEdge domine, pour sa part, le secteur des optimiseurs de puissance, ayant aussi réussi à nouer des partenariats aux Etats-Unis et à se positionner sur des marchés émergents. Entrée en bourse en février dernier, la société israélienne a dévoilé en août pour la première fois son bilan financier. Sur l’exercice 2015 (clos au 30 juin), son chiffre d’affaires a atteint 325 millions de dollars (+144% comparé à l’exercice précédent) tandis que le volume de livraisons s’est monté à 920 MW(AC). Toutefois, à la différence d’Enphase, SolarEdge a réussi à devenir bénéficiaire, avec un revenu net de 29,4 millions de dollars sur l’exercice 2015 après 20,4 millions de dollars de pertes l’année précédente.
Dans son étude, IHS ne tient compte, pour Enphase, que des ventes de matériel, donc des seuls micro-onduleurs sans câblage ou autres logiciels de surveillance. Concernant SolarEdge, la société d’études de marché n’a, là aussi, retenu que le chiffre d’affaires réalisé avec les optimiseurs de puissance mais pas les ventes d’onduleurs qui entrent pour une bonne part dans son bilan.
Rappelons que, dans une installation photovoltaïque, le recours aux micro-onduleurs pour convertir le courant continu produit par chaque panneau solaire individuellement en courant alternatif, aboutit à un coût plus élevé au niveau système qu’une configuration avec des onduleurs classiques (string ou centraux). Ces derniers convertissent le courant produit par une série de panneaux PV en courant alternatif. Les micro-onduleurs permettent toutefois d’atteindre un meilleur bilan énergétique global parce qu’il « récolte » de façon optimisée la production d’énergie de chaque panneau. Idem avec les optimiseurs de puissance qui recherchent en permanence le rendement optimal de chaque panneau solaire grâce à un suivi du point de puissance maximum (MPPT) mais qui nécessitent toujours un onduleur classique pour la conversion du courant continu en courant alternatif.
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