Le marché mondial des installations photovoltaïques pourrait reculer de 16% à 18% en 2020
La pandémie de coronavirus aura un impact significatif sur le marché mondial du solaire photovoltaïque. Alors que l’économie mondiale est confrontée à de graves perturbations, Wood Mackenzie a abaissé ses prévisions pour les installations PV de 2020 de 129,5 GW à 106,4 GW, soit une réduction de 18%. De son côté, IHS Markit table sur une baisse de 16%, à 105 GW.
« Nous nous attendions à une forte reprise économique l’an prochain ; mais les projets qui devraient être livrés en 2021 sont en cours de développement et de financement aujourd’hui. Lorsque la récession frappe, toutes les activités ne se dérouleront pas comme prévu. L’année prochaine sera également difficile pour le solaire », concède Tom Heggarty, analyste principal pour le solaire chez Wood Mackenzie.
« La destruction de la demande sera compensée dans une certaine mesure par le basculement des projets retardés de 2020 à 2021. Néanmoins, nous avons réduit nos prévisions pour 2021 de 127,2 GW à 123,6 GW, soit une baisse de 3% », ajoute-t-il.
Selon Wood Mackenzie, l’impact de la perturbation causée par la pandémie de Covid-19 variera selon les pays. En Chine – l’épicentre initial de l’épidémie – les indicateurs économiques suggèrent qu’une reprise est en cours. La production de tranches de silicium, de cellules et de modules PV revient à pleine capacité et la construction sur de nombreux sites de projets a repris, estime le cabinet d’études.
« Nous ne nous attendons pas à ce que l’impact sur le marché photovoltaïque chinois (en amont ou en aval) se poursuive au-delà de la fin du deuxième trimestre de cette année. En revanche, en Europe et en Amérique du Nord, les fermetures sous une forme ou une autre devraient durer tout au long du deuxième trimestre et peut-être même au troisième trimestre », estime l’analyste.
« D’autres régions comme l’Amérique latine et l’Afrique ont – jusqu’à présent – été moins touchées par l’épidémie de coronavirus. Néanmoins, nous anticipons également de graves perturbations dans ces régions alors que nous nous dirigeons vers le milieu de l’année », poursuit-il.
Les appels d’offres sont retardées, les négociations sur les PPA (Power Purchase Agreement) sont interrompues et les autorisations ralentissent. La faiblesse des prix de l’électricité nuit gravement à l’économie des nouveaux investissements dans un large éventail de pays. Les projets prévus pour 2021 seront plus difficiles à mettre sur le marché à temps, s’ils réussissent, avance Wood Mackenzie. Seul espoir : si les dépenses post-coronavirus sont orientées vers les efforts de décarbonisation, le solaire PV pourrait en bénéficier.
Un marché en baisse de 16% pour IHS Markit
Une autre étude réalisée par IHS Markit et publiée le 31 mars, -donc dont on peut penser qu’elle devra encore être révisée à la baisse-, montre que le marché mondial des installations PV devrait représenter 105 GW en 2020, soit une chute de 16% en glissement annuel par rapport aux installations mondiales de 2019.
À la suite de l’épidémie de Covid-19 en Chine à la fin de 2019, la fabrication d’énergie solaire a été gravement perturbée au premier trimestre 2020, car la fête nationale chinoise a été prolongée et des restrictions ont été imposées à la circulation. Cela a réduit la main-d’œuvre, réduit l’approvisionnement en composants critiques pour les modules PV tels que les cellules, les connecteurs ou le verre, et a rendu presque impossible l’expédition des produits finis en raison de la fermeture totale ou partielle des voies de transport, des ports, etc. Comme les restrictions se sont progressivement assouplies, la fabrication en Chine a lentement repris à partir de fin février et pourrait atteindre sa pleine capacité d’ici la fin du deuxième trimestre 2020, souligne IHS Markit.
Tout au long du mois de mars, alors que la pandémie de Covid-19 s’est rapidement propagée dans le monde entier, les perturbations de l’offre liées aux mesures de confinement en Chine se sont rapidement transformées en un ralentissement sans précédent de la demande mondiale, analyse IHS Markit. Des restrictions strictes à la circulation des personnes ont été rapidement mises en place par les gouvernements sur presque tous les principaux marchés solaires du monde, rendant de plus en plus difficile la réalisation d’installations. Presque tous les grands projets initialement prévus pour être achevés au premier semestre 2020 seront affectés d’une manière ou d’une autre et les installations sur toiture seront interrompues. Le Covid-19 affectera également gravement la planification et le lancement de nouveaux projets au second semestre 2020, avance IHS Markit.
Le cabinet d’études prévoyait fin mars une reprise de l’activité au cours du deuxième semestre, mais progressivement en fonction des segments et des pays. Cependant, la gravité du ralentissement économique mondial déclenché par la pandémie empêchera une reprise rapide cette année. Certains marchés pourront bénéficier de la présence d’énergies renouvelables dans les plans de relance qui seront nécessaires pour aider les économies à se rétablir, mais l’environnement financier général aura un impact important sur la demande pour tous les types de systèmes photovoltaïques. Les régions les plus durement touchées seront l’Europe, l’Inde et le reste de l’Asie étant donné qu’elles ont été parmi les plus grandes régions pour le déploiement solaire ces dernières années, souligne IHS Markit.
En contraste avec le reste du monde, IHS Markit augmente ses prévisions pour les installations photovoltaïques en Chine en 2020 à 45 GW – 5GW de plus que les attentes générales du marché. IHS suppose qu’une reprise rapide de la demande au second semestre 2020 sera facilitée par le soutien du gouvernement chinois afin de protéger sa base de fabrication et d’installations domestiques. Si tel est le cas, la Chine représentera à nouveau plus de 40% des installations mondiales en 2020, comme chaque année entre 2016 et 2018.
Au-delà de la perturbation colossale à court terme à laquelle le solaire sera confronté dans le reste de 2020, la question plus large est de savoir s’il y aura ou non un changement fondamental des perspectives du solaire dans le monde dans le cadre d’un nouveau scénario économique avec des ressources conventionnelles à bas prix. IHS estime qu’après cette perturbation majeure à court terme, la croissance des installations reprendra à partir de 2021 pour poursuivre la trajectoire de croissance que le solaire photovoltaïque a connue au cours de la dernière décennie. « Malgré cette crise sanitaire et économique mondiale majeure, nous pensons que les fondamentaux à moyen terme pour la croissance du solaire photovoltaïque restent solides, notamment la réduction continue des coûts, le besoin d’une plus grande résilience et autonomie, la production d’énergie à faible émission de carbone, la production distribuée et l’évolutivité », conclut IHS Markit.
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