Le dernier rapport mondial sur les énergies renouvelables dénonce un écart alarmant entre les objectifs et les actes
Le rapport mondial sur l’état des énergies renouvelables 2021 publié par REN21 montre que nous sommes loin du changement de paradigme nécessaire à un avenir énergétique propre, plus sain et plus équitable.
L’année 2020 aurait pu changer la donne. Les économies du monde entier ont été frappées de plein fouet par la pandémie de Covid-19. La demande d’énergie primaire a chuté de 4%. Mais même avec cette baisse historique, les pays du G20, les plus gros pollueurs de la planète, ont à peine atteint, voire manqué, leurs objectifs peu ambitieux en matière d’énergies renouvelables, soulignent les auteurs du rapport. Pourtant, les avantages des énergies renouvelables en termes de santé, de climat et de création d’emplois sont incontestables.
La part des combustibles fossiles dans le bouquet énergétique total est aussi élevée qu’il y a dix ans (80,3% contre 80,2% aujourd’hui) et la part des énergies renouvelables n’a que légèrement augmenté. Même avec la baisse historique de la consommation d’énergie l’année dernière, les cinq pays du G20 ayant pris des engagements en matière d’énergies renouvelables pour 2020 peinaient à atteindre leurs objectifs. Les 15 autres n’en avaient tout simplement pas.
« Nous nous réveillons pour constater avec amertume que les promesses en matière de politique climatique ces dix dernières années n’ont été pour la plupart que de vaines paroles. La part des combustibles fossiles dans la consommation finale d’énergie n’a quasiment pas diminué. Les abandonner progressivement et faire des énergies renouvelables la nouvelle norme constituent donc les mesures les plus importantes que nous puissions prendre », déclare Rana Adib, directrice exécutive de REN21.
Le secteur de l’électricité a déjà fait des progrès considérables. Aujourd’hui, la quasi-totalité des nouvelles installations électriques sont renouvelables. Plus de 256 GW ont été ajoutés dans le monde en 2020 – dépassant le précédent record de près de 30%. Dans un nombre croissant de régions, dont certaines parties de la Chine, de l’Union européenne, de l’Inde et des États-Unis, il est désormais moins coûteux de construire de nouvelles centrales éoliennes ou solaires photovoltaïques que d’exploiter les centrales au charbon existantes. Ces progrès pourraient et devraient être transposés dans tous les autres secteurs, avance le rapport.
Le rapport souligne la vague d’engagements forts pris en 2020 en matière de lutte contre la crise climatique. Cette vague comprend les objectifs de neutralité carbone (ou « net zéro ») de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud. Associés aux annonces du financement de la relance économique verte – portant les dépenses publiques à des niveaux supérieurs à ceux du plan Marshall après la Seconde Guerre mondiale -, ces engagements auraient dû faire de 2020 l’année d’un redémarrage mondial en matière d’économie climatique et d’énergies renouvelables. Mais au lieu d’initier cette mutation, les plans de relance accordent six fois plus d’investissements aux combustibles fossiles qu’aux énergies renouvelables, dénonce l’étude.
Le rapport de cette année soulève une question fondamentale : qu’est-ce qui empêche le monde de se servir de la crise du Covid comme d’une opportunité de transformation ?
Objectifs et parts des énergies renouvelables : Où se situe la France parmi les pays du G20 ?
Tandis que la France s’était dotée d’un objectif spécifique pour la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie finale en 2020, elle n’a pas réussi à l’atteindre. L’objectif était de 23% et, comme le montre la figure ci-dessous, les énergies renouvelables ne représentaient qu’environ 17% de la consommation finale totale d’énergie de la France en 2019.
Seules cinq des plus grandes économies membres du G20 – l’UE-27, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni – avaient fixé des objectifs pour 2020 visant à atteindre une certaine part d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie.
Focus sur les faits marquants en France en 2020
- Le plan de relance Covid-19 de la France a inclus 7 milliards d’euros (8,6 milliards de dollars) pour soutenir la rénovation des bâtiments – y compris des incitations à la chaleur renouvelable – dans le cadre d’un objectif plus large de rénovation de l’ensemble du parc immobilier du pays d’ici 2050.
- La France a été l’un des trois pays à inclure des conditions « vertes » dans ses mesures de relance du secteur de l’aviation (avec l’Autriche et la Suède, exigeant une réduction de 50% des émissions et un minimum de 2% de carburant renouvelable d’ici 2030).
- La France a été l’un des principaux installateurs d’énergie éolienne au monde en 2020. Le pays a ajouté 1,3 GW, ce qui le place au quatrième rang de l’UE-27, derrière les Pays-Bas (2 GW supplémentaires), l’Espagne (1,7 GW) et l’Allemagne (près de 1,7 GW), et au huitième rang mondial, juste devant la Turquie et l’Inde.
- La France est l’un des deux seuls pays à avoir adopté de nouvelles politiques et de nouveaux objectifs pour promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables dans le secteur ferroviaire (avec l’Inde). La SNCF s’est engagée à couvrir une partie de ses besoins en électricité à l’aide d’électricité renouvelable et a signé un contrat d’achat d’électricité renouvelable (PPA – Power Purchase Agreement) pour fournir environ 2% de la consommation d’électricité de tous les trains de voyageurs nationaux.
La France était le premier marché européen pour les pompes à chaleur, avec 394 000 ventes en 2020, suivie par l’Italie et l’Allemagne. Cette tendance à l’évolution vers des solutions de chauffage à l’électricité permettra une transition énergétique plus rapide vers les énergies renouvelables.
REN21 est la seule communauté mondiale d’acteurs des énergies renouvelables issus du secteur scientifique et académique, de gouvernements, d’ONG et de l’industrie dans tous les secteurs des énergies renouvelables. Elle apporte aux décideurs des faits, des chiffres et des analyses – révisées par les pairs – sur les développements mondiaux en matière de technologies, de politiques et de marché.
Elle publie chaque année son rapport sur la situation mondiale des énergies renouvelables. L’édition 2021 inclut un chapitre consacré à la demande des entreprises en matière d’énergies renouvelables et a été corédigée par plus de 200 experts.
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