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L’Ademe milite pour un bouquet électrique avec 85% d’EnR dès 2050

L’Ademe milite pour un bouquet électrique avec 85% d’EnR dès 2050

Un déploiement massif des énergies renouvelables (EnR) ferait baisser le coût de l’électricité pour le consommateur français. Quel serait le scénario optimal ? 85% d’EnR dans le bouquet électrique en 2050, et 95% en 2060, avec une électricité moins chère qu’aujourd’hui, estime l’Ademe dans son étude « Trajectoires d’évolution du mix électrique 2020-2060 » dévoilée aujourd’hui.

« Alors que la France vient de mettre en consultation la programmation pluriannuelle de l’énergie* qui constitue les orientations de sa politique énergétique pour les dix années à venir, il est plus que jamais essentiel d’apporter à l’État et à l’ensemble des parties prenantes des éléments techniques permettant d’éclairer les choix à faire », souligne Arnaud Leroy, président du conseil d’administration de l’Ademe. Une projection à 2060 permet en effet, selon l’agence, d’optimiser les investissements pour les 15 prochaines années et de prendre en compte leur durée de vie.

L’Ademe a comparé le coût complet de plusieurs évolutions contrastées du système électrique français entre 2020 et 2060. Pour consulter la synthèse de l’étude, cliquer sur Trajectoire d’évolution du mix électrique 2020 – 2060

Les résultats clés

Pour des niveaux de demande compris entre 430 TWh et 600 TWh (vision Ademe et estimations RTE), l’optimisation économique de l’évolution du système électrique français conduit à une part d’EnR de 85 % en moyenne en 2050, et de plus de 95 % en 2060, dans l’ensemble des cas, hormis ceux avec déploiement volontariste d’EPR.

L’augmentation progressive de la part de renouvelable permet de faire tendre le coût total de l’électricité facturée au consommateur vers 90 euros/MWh hors taxes (contre près de 100 euros/MWh de coût actuel). Cette estimation prend en compte tous les coûts du système électrique (production, réseau, stockage, importation…) et garantit l’équilibre offre-demande horaire pour les sept années météorologiques testées.

Les scénarios étudiés permettent d’entrevoir de meilleures conditions de rémunération pour les producteurs d’électricité sur le marché de gros, à condition d’éviter une prolongation trop forte du parc nucléaire historique. Dans la plupart de ces scénarios, cette évolution permet un développement des EnR sans système de soutien à partir de 2030 pour le photovoltaïque au sol et à partir de 2035 pour l’éolien terrestre.

Des taux d’EnR très élevés posent la question du maintien de la stabilité du réseau électrique, aujourd’hui obtenue grâce à l’inertie des groupes tournants. L’étude montre que, même avec 87 % d’EnR en Europe continentale en 2050, il serait possible, pour moins d’1 euros/MWh, de maintenir en fonctionnement une puissance synchrone suffisante pour assurer la stabilité du réseau, selon les exigences que se fixe le gestionnaire de réseau irlandais Eirgrid pour les prochaines années.

En complément des EnR, l’opportunité du développement d’une filière nucléaire de nouvelle génération (EPR) a été étudiée. L’étude démontre que prolonger une partie du parc nucléaire historique permettrait une transition efficiente d’un point de vue économique et climatique, mais que développer la filière EPR ne serait pas compétitif. La construction d’un EPR en 2030 nécessiterait en effet 4 à 6 milliards d’euros de soutien public. À plus long terme, le surcoût de développement d’une filière industrielle EPR (24 GW en 2060) serait au minimum de 39 milliards d’euros, malgré les économies d’échelle prises en compte (coût de production des EPR en série estimé à 70 euros/MWh).

A plus court terme, le prolongement d’une partie du parc nucléaire historique serait donc efficace pour atteindre l’objectif de 50% de nucléaire entre 2030 et 2035. Toutefois, même avec des exportations très importantes, une prolongation plus forte du nucléaire historique, couplée au développement de nouvelles capacités d’EnR, aboutirait à un excédent de production, ce qui déséquilibrerait le marché et la rentabilité de tous les moyens de production, y compris ceux identifiés comme prioritaires pour la transition énergétique.

*L’Ademe rappelle que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) rendue publique le 27 novembre dernier (voir notre article) se distingue plus particulièrement par la place importante de l’électricité dans l’évolution du mix énergétique, en tant que vecteur de décarbonation, la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique à 50% à l’horizon 2035, et l’augmentation de la part des énergies renouvelables (EnR) dans le bouquet électrique pour atteindre entre 36,5% et 40% à l’horizon 2030.

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