La chaleur solaire a le logement collectif en ligne de mire
Le solaire thermique, dans le collectif neuf comme en rénovation, cela marche vraiment ! « Le temps est venu pour les maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage de changer leur regard sur cette énergie de plus en plus attractive, et de l’intégrer dans leurs projets », plaident de concert Enerplan et Uniclima pour relancer le solaire thermique. Ce dernier a en effet été repositionné dans le calcul de la performance énergétique des bâtiments depuis début 2017, avec un gain sur le poste ECS (eau chaude sanitaire) valorisé de +17% à +22% selon les régions, et il est rentable avec la contribution Climat Energie. Pour soutenir l’initiative SOCOL* dédiée au solaire thermique pour le logement collectif, les deux syndicats professionnels publient en outre deux brochures pédagogiques**.
Réalisées avec le soutien de l’Ademe et de GRDF, les deux brochures (intitulées « solaire thermique, la nouvelle dynamique ») visent les applications dans le collectif, dans le neuf et la rénovation. Ils complètent d’autres outils d’aide aux projets (logiciel de dimensionnement, schémathèque, documents types pour la mise en service dynamique ou la maintenance). Le livret « Solaire thermique – La nouvelle dynamique » s’adresse aux bureaux d’études et aux professionnels du bâtiment : le solaire thermique dans le collectif neuf, ça marche partout en France, quelle que soit la taille du projet.
Pour les responsables au sein des syndicats professionnels, notamment Laurent Benedit, président du comité EnR d’Uniclima, Yves Carl, directeur technique et marketing stratégique de Viessmann, Olivier Godin, VP Solaire Thermique d’Enerplan, Valérie Laplagne, responsable EnR d’Uniclima et Richard Loyen, directeur général d’Enerplan, il importe de remettre en avant les avantages du solaire thermique dans le neuf et dans la rénovation. Une comparaison en situation réelle de dix solutions de production d’énergie, EnR et conventionnelles, collectives et individuelles, faite récemment par le CRIGEN*, montre en outre que le solaire thermique offre le meilleur rendement énergétique du marché dans l’objectif d’atteindre le niveau RT2012 -20%.
Dans cette étude publiée en 2017, les calculs ont été effectués sur des cas concrets (un R+2 de 18 logements et un R+4 de 34 logements) dans trois zones climatiques différentes, du Sud au Nord de la France. Résultat : le solaire thermique permet de gagner de 51 à 68% sur le poste eau chaude, ce qui représente 18 kWh de CEP (consommation en énergie primaire) en moyenne sur la France. Face aux autres énergies renouvelables, le solaire thermique s’impose comme la seule solution capable d’abaisser de 20% (ou 40 kWh/m2/an) la consommation en énergie primaire, sans travaux d’isolation supplémentaires.
La meilleure performance économique sur 20 ans
En termes de performance économique, l’étude apporte par ailleurs une vision nouvelle de la chaleur solaire. En considérant les coûts sur 20 ans, la chaleur solaire est moins coûteuse que les solutions traditionnelles, et même que des solutions avec d’autres énergies renouvelables.
Un résultat confirmé par une étude d’I-Care & Consult sur la compétitivité du solaire thermique (mise à jour en 2018), selon laquelle le solaire thermique s’impose aussi dans la durée, en intégrant les coûts d’installation, d’exploitation et de maintenance. En comparaison avec d’autres solutions conventionnelles, le solaire s’affirmerait comme la technologie la plus rentable du marché en rénovation, grâce notamment au soutien du Fonds chaleur.
Déjà lors de la présentation des chiffres 2017 de la profession en février dernier, Uniclima avait laissé poindre l’espoir d’un début de reprise, en rénovation, grâce à la contribution Climat-Energie et un contexte économique plus favorable pour le collectif. Le marché français du solaire thermique est en effet en chute de plus en plus libre depuis plusieurs années, surtout depuis 2013. Selon Uniclima, il a ainsi affiché une nouvelle baisse en 2017, pour la 6e année consécutive, avec -22% par rapport à 2016. La surface totale de capteurs installés s’est établie à 48000 m² contre 61300 m² l’année précédente. La baisse est toujours importante, même si elle est un peu moindre qu’en 2016 (-35%). Toutefois, elle a plus impacté les segments du chauffe-eau solaires individuels (CESI) et du collectif, tandis que le système solaire combiné (SSC) résiste un peu mieux, quoique devenu un marché de niche. Les livraisons CESI se sont chiffrées à 5400 unités en 2017 contre 7300 en 2016, soit une baisse de 26%. Le CESI ne parvient pas à s’implanter dans la maison neuve où il est fortement concurrencé par le chauffe-eau thermodynamique (CET), plus économique à l’achat et plus simple à installer, et il pâtit aussi de l’engouement pour le photovoltaïque.
Concernant les SSC, le marché a reculé de 360 unités livrées en 2016 à 330 unités pour l’année 2017, soit une baisse de 8%. Cet équipement ne trouve guère sa place dans l’existant en France, alors qu’il représente par exemple plus de 50% du marché allemand. La surface moyenne de capteurs par équipement individuel se stabilise pour les CESI à 3,3 m² tandis qu’elle augmente un peu pour les SSC avec 12,8 m². Les livraisons de capteurs, destines aux immeubles d’habitation collectifs ou aux bâtiments tertiaires, ont chuté pour la 5ème année consécutive en 2017, à 25900 m² contre 32600 m² en 2016, soit -20%.
*La plateforme collaborative SOCOL accompagne les projets qui intègrent le solaire thermique, en mettant gratuitement à la disposition des professionnels et des porteurs de projets, une série d’outils méthodologiques et techniques, accessibles en libre-service
**Les brochures sont téléchargeables en cliquant ici
***Centre de Recherche et Innovation Gaz et. Energies Nouvelles (CRIGEN, ENGIE Lab) : Positionnement technico-économique RT 2012 des solutions solaires thermiques et concurrentes en secteur résidentiel dans un contexte de bonification du COS
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