La chaleur renouvelable stagne à moins de 20% de la consommation
L’édition 2019 du Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération publié par le CIBE, la Fedene, le SER et Uniclima*, avec la participation de l’Ademe, montre que la France n’est pas à la hauteur de ses engagements concernant les énergies renouvelables. L’écart entre les objectifs** – 33 % de chaleur renouvelable dans notre consommation en 2020 – et la réalité sur le terrain – 19,9% en 2018 – reste considérable. Le solaire thermique est, lui, en net recul depuis plusieurs années. Les Etats généraux de la chaleur solaire 2019 se tiennent ce mardi 15 octobre à Lille, organisés par Enerplan qui plaide pour une réforme du crédit d’impôt et une réglementation énergétique (surtout des bâtiments neufs) favorisant le solaire.
La chaleur représente près de la moitié de la consommation énergétique française mais reste très majoritairement produite par des énergies fossiles. La chaleur solaire, qui permet de produire, stocker et redistribuer des calories décarbonées, s’impose comme une des solutions évidentes pour le bâtiment, l’agriculture et l’industrie. Le syndicat professionnel Enerplan tente, lui, de mobiliser la filière pour répondre à l’urgence climatique (réduire les émissions de CO2 semble prioritaire) mais aussi créer de la valeur locale et développer une industrie française exportatrice. La France dispose en effet d’une industrie du solaire thermique innovante, qui exporte dans la zone Europe et dans le monde, avec trois nouvelles usines ouvertes en 2019*. Les Etats Généraux de la chaleur solaire permettront de constater les progrès de la filière française. Grâce au soutien de l’Ademe, des projets de grandes tailles émergent pour l’industrie et les réseaux de chaleur, un nouveau marché complémentaire de celui habituellement adressé pour le bâtiment.
Pour Enerplan, malgré des progrès constatés, il y a deux sujets d’inquiétude pour 2020 : la réforme du crédit d’impôt pour la rénovation énergétique et la mise en oeuvre de la prochaine réglementation énergétique des bâtiments neufs. « Ces Etats Généraux sont l’occasion de rappeler que la chaleur solaire est une solution compétitive pour répondre à l’urgence climatique, portée par l’industrie française, pourvoyeuse d’emplois industriels et locaux, et qu’elle est une source de valeur pour les territoires qui favorisent son déploiement. Nous souhaitons que la réforme du CITE soutienne le dynamisme de cette filière et que la future réglementation énergétique des bâtiments neufs ne passe pas à côté des enjeux de la chaleur renouvelable pour réduire l’empreinte carbone de l’eau chaude et du chauffage », déclare Olivier Godin, vice-président d’ Enerplan.
Sur la réforme du crédit d’impôt, le syndicat constate une incompréhension des objectifs poursuivis par le gouvernement. Il y a bien un discours volontariste sur la transition énergétique, mais aussi une réforme en cours qui priverait plus de la moitié des clients potentiels d’une incitation financière. Si l’intérêt écologique de la chaleur solaire est régulièrement rappelé et encouragé par les pouvoirs publics pour l’atteinte des objectifs de baisse de CO2 dans le pays, il semble nécessaire que les moyens suivent les déclarations d’intention.
Sur la future réglementation énergétique des bâtiments neufs, l’industrie du solaire thermique aurait besoin de visibilité sur le calendrier de mise en oeuvre et sur les nouveaux seuils de performances énergétiques qu’elle imposera aux constructions. En cohérence avec une stratégie bas carbone, Enerplan souhaite un niveau élevé de performance énergétique avec une exigence de chaleur renouvelable sur les 5 usages (chauffage, rafraichissement, eau chaude sanitaire, éclairage et auxiliaires), le tout avec une mise en application rapide.
Selon le Panorama de la chaleur renouvelable, la part EnR toutes technologies confondues a augmenté de 1 point entre 2017 et 2018 mais ne représente toujours que 19,9% (18,7% en 2017) de notre consommation finale brute de chaleur. Les participants à l’étude demandent aussi que l’état mobilise l’ensemble des leviers de développement de la production de chaleur renouvelable et de récupération, dont les deux vecteurs essentiels d’accélération que sont le Crédit d’Impôt à la Transition Énergétique et le Fonds Chaleur.
Les chiffres de la chaleur renouvelable
En 2018, la consommation finale brute de chaleur a atteint 709997 GWh, dont 141729 GWh de chaleur renouvelable. L’édition 2019 du Panorama Chaleur présente un chapitre dédié à chaque filière avec ses atouts, des données de marché, des exemples de réalisation et des focus sur les gisements. Pour plus d’informations, cliquer ici
*Comité Interprofessionnel du Bois Énergie (CIBE), Fédération des Services Énergie Environnement (Fedene), Syndicat des énergies renouvelables (SER), Syndicat professionnel des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques (Uniclima)
**Objectifs de la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) et du Plan National d’Action (PNA) en faveur des énergies renouvelables.
VIDEO HUAWEI