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Chassé-croisé des réactions franchement hostiles ou plus compréhensives à la décision du gouvernement de vouloir réduire le soutien au solaire

Chassé-croisé des réactions franchement hostiles ou plus compréhensives à la décision du gouvernement de vouloir réduire le soutien au solaire

L’annonce du gouvernement d’envisager de réduire les niveaux de soutien aux projets solaires d’une puissance inférieure à 500 kWc (segment dit « S21 ») suscite des réactions vives mais parfois contrastées dans la profession. Décryptage avec un florilège des réactions franchement hostiles ou plus compréhensives et des arguments des uns et des autres.

Les contre

Effy | Autoconsommation solaire : la prime à l’installation bientôt divisée par 2, le tarif de rachat divisé par 3 ?

Le gouvernement a annoncé vouloir réduire son soutien aux installations solaires résidentielles. Effy dénonce une décision absurde tant pour le portefeuille des Français que pour la transition énergétique.

La prime à l’installation, qui a déjà connu une baisse de 40% depuis un an, serait encore divisée par deux. Le tarif de rachat du surplus d’électricité serait quant à lui divisé par trois, passant de 12,7 cts€ à 4 cts€. Ces choix s’appliqueraient rétroactivement à l’ensemble des demandes de raccordement réalisées depuis le 1er février 2025.

Effy alerte sur cette baisse massive, envoyant un très mauvais signal aux Français qui souhaitent autoconsommer. D’autant que l’on sait que le solaire résidentiel est bien souvent la première étape vers l’électrification (PAC, voiture électrique…).

« En réduisant les incitations au solaire résidentiel, on vient encore une fois taper sur le portefeuille des Français. D’autant qu’on prend le risque de stopper une dynamique vertueuse qui allait en faveur de l’électrification des usages. En effet, on constate que les particuliers qui installent des panneaux sur leur toit vont être plus volontaires à installer une PAC et acheter un véhicule électrique. Cette baisse massive leur enverrait un très mauvais signal, alors que de plus en plus de familles commencent à s’équiper en panneaux. Une dynamique qui démarrait enfin en France (+54% sur la dernière année, selon Enedis) et qui reste très loin de ses voisins européens », déplore Audrey Zermati, directrice Stratégie d’Effy.

Spécialiste de l’efficience énergétique de la maison, Effy accompagne depuis plus de 16 ans les propriétaires dans la transformation de leur maison. Grâce à une expertise reconnue, des solutions sur mesure et un réseau de plus de 5000 artisans engagés, Effy s’impose comme un acteur clé de la rénovation énergétique en France.

Dualsun : envisager une refonte radicale du cadre de développement du solaire photovoltaïque vient fragiliser toute une filière pourtant essentielle à la souveraineté énergétique française.

« Si l’on parle d’impact économique et industriel, la filière solaire dans son ensemble est un levier majeur de croissance et de création d’emplois en France. C’est pour rappel 17 000 emplois préservés et plus de 2 milliards d’euros de travaux générés pour 230 000 foyers français chaque année. Cela en fait un segment bénéficiaire pour les finances publiques grâce aux apports de TVA et de cotisations sociales qui compensent largement les dépenses liées au tarif de surplus et à la prime. En coupant sur les aides, le gouvernement risque de couper bien plus sur ses recettes.

Si l’on parle d’efficacité de notre mix énergétique, quoi de plus efficace que de permettre au particulier de consommer une énergie qu’il produit lui-même ? Nous avons un cruel besoin, bien perçu par le gouvernement, de développer et d’accélérer l’innovation dans le stockage de l’énergie et le pilotage de l’autoconsommation pour garantir une meilleure gestion de notre électricité et maximiser l’intégration des renouvelables. Mais pourquoi dans le même temps pénaliser le solaire de proximité alors qu’il constitue le fer de lance de ces innovations ? Voilà qu’au lieu d’accompagner une filière qui coche toutes les cases de l’efficacité invoquée, on la torpille en ne soutenant plus le segment résidentiel, alors même que le besoin en électricité ne cessera d’augmenter. On met en péril des centaines d’entreprises et des milliers d’emplois. Si ces décisions venaient à être confirmées, on freinerait notre innovation et on compromettrait notre capacité à répondre aux grands défis énergétiques à court et moyen terme.

Cette contradiction est un signal négatif envoyé à toute la filière. Nous avons besoin de clarté, de visibilité et d’un cap clair. Nous poursuivons ce me semble tous un objectif commun : celui de l’efficacité de notre mix énergétique face aux besoins croissants en électricité, et du développement d’une industrie de pointe. Il est temps que le gouvernement aligne son discours avec des décisions cohérentes et pérennes pour l’avenir de l’énergie solaire en France », estime Jérôme Mouterde, CEO de Dualsun.

Dualsun est le créateur du premier panneau solaire hybride certifié au monde, capable de produire trois fois plus d’énergie qu’un panneau photovoltaïque standard. Basée à Marseille, l’entreprise propose des solutions Made in France avec des produits certifiés bas-carbone ainsi que deux écoles de formations aux métiers du solaire.

SeeYouSun | Moratoire sur le solaire distribué ? Le spécialiste de l’ombrière photovoltaïque tire la sonnette d’alarme et appelle le gouvernement à maintenir son cap en faveur des énergies renouvelables.

Comme révélé par les représentants de la filière, « le gouvernement envisage de réduire de façon rétroactive au 1er février, les niveaux de soutien aux projets solaires d’une puissance inférieure à 500 kWc (segment dit « S21 »), d’une manière telle que plus aucun projet ne sera viable économiquement en 2025 ».

SeeYouSun qui emploie près de 120 personnes et travaille sur près de 1000 centrales partout en France, tire la sonnette d’alarme et dénonce un moratoire qui ne dit pas son nom. Le numéro 1 de l’ombrière photovoltaïque en France appelle le gouvernement à ne pas changer brutalement de cap, alors même que la loi APER du 10 mars 2023 rendait obligatoire l’implantation de panneaux photovoltaïques sur ombrières sur les parcs de stationnement extérieurs existants au 1er juillet 2023, de plus de 1 500 m², sur au moins 50% de la superficie des parcs. Un tel revirement politique serait catastrophique, à l’image du moratoire de 2010. Cela reviendrait à porter un coup d’arrêt à la filière, aux acteurs qu’elle fait vivre et à tous les projets de décarbonation qu’ils mènent sur le territoire, en partenariat avec les collectivités et les acteurs privés, et au service de la transition écologique et énergétique.

Grâce à la politique de soutien menée jusqu’alors par le gouvernement, SeeYouSun a pu avec ses partenaires en 2024 : sécuriser 450 nouveaux projets photovoltaïques ; construire 164 nouvelles centrales ; mettre en service 130 centrales.

Autant de centrales qui généreront au total une puissance de près de 200 MWc, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 790 000 habitants. Tous ces projets, pour la plupart de centrales photovoltaïques en ombrières de parkings, sont déployés main dans la main avec plus de 50 partenaires locaux (syndicats d’énergie, sociétés d’économie mixte, entreprises, industries, collectivités, banques). Ils représentent 100 millions d’euros de travaux, payés à des entreprises françaises (voirie, réseaux divers, gros œuvre, charpente, électricité), faisant ainsi vivre un tissu économique local, notamment dans les communes rurales.

Enfin, SeeYouSun insiste sur le fait que le solaire distribué est un outil puissant de développement de nos territoires, encore trop peu connu ! Plus d’un quart des projets sont ainsi déployés dans des communes de moins de 2 000 habitants. A l’heure où les fractures territoriales s’accentuent et où les budgets des communes se resserrent, le solaire a cette faculté inestimable de régénérer gratuitement l’offre de services de proximité. Pour toutes ces raisons, SeeYouSun appelle le gouvernement à ne pas faire brutalement marche à arrière et à maintenir sa politique de soutien au solaire distribué, en particulier pour les projets en ombrières d’une puissance inférieure à 500 kWc.

SeeYouSun est un opérateur solaire, qui crée et anime des systèmes solaires partagés à l’échelle du quartier. En 7 ans, le groupe d’origine bretonne revendique être devenu le n°1 de l’ombrière photovoltaïque en France. En 2024, l’entreprise a réalisé 70 millions d’euros de chiffre d’affaires, a produit 200 GWh via 800 centrales partout en France.

Comment faire face ?

Cadran | Arrêt du soutien de l’Etat au solaire en toiture : quelles solutions pour les porteurs de projet ?

« S’il pénalise injustement la filière solaire à court terme, l’arrêt programmé du soutien de l’Etat montre également l’arrivée à maturité de notre secteur, et dans certains cas, nous avons déjà les solutions pour se passer de son aide », explique dans un post sur Linkedin, Julien Gaidot, fondateur de Cadran, entreprise dijonnaise spécialisée dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage qui aide les professionnels et les collectivités à réussir leurs projets photovoltaïques

La solution? ne pas avoir besoin du soutien de l’Etat !

Autrement dit rendre les recettes issues de la vente de surplus négligeables dans votre business plan. Et de lister les solutions pour y parvenir :

  • Dimensionner son installation au plus près de ses besoin, pour viser un taux d’autoconsommation >70-80%
  • Optimiser son autoconsommation en déplaçant une partie de ses besoins électriques vers les heures solaires
  • Valoriser le surplus restant en autoconsommation collective
  • Stocker le surplus généré en journée dans des batteries pour le consommer en dehors de heures solaires.
  • Coupler son installation à des bornes de recharge de véhicules électriques.

Les + compréhensifs

Storio Energy : moins de subventions pour le solaire ? Pas un moratoire, une opportunité pour l’autoconsommation !

Le gouvernement prévoit de réduire le soutien public aux installations solaires <500 kWc. La filière photovoltaïque parle de moratoire, mais Storio Energy, le pionnier du stockage d’énergie en BtoB, y voit surtout un signal : le modèle du solaire ultra-subventionné touche à sa fin. Et ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle.

Si le vrai levier de rentabilité était l’autoconsommation ? En effet, vendre son électricité sur le marché ne rapporte que 40 €/MWh, bien loin des tarifs garantis précédents (105 €/MWh).
En revanche, autoconsommer permet d’économiser 100 à 200 €/MWh, en évitant l’achat d’énergie sur le réseau, le TURPE (en forte hausse), ainsi que les taxes et droits d’accise

« Le stockage permet de maximiser cette autoconsommation et de rentabiliser un projet solaire, même sans subvention. Preuve concrète : nous avons récemment mis en service une batterie de 2,5 MWh couplée à une centrale de 2 MWc. Résultat : 85% d’autoconsommation et 50% des besoins du site couverts, sans aucune aide publique. Notre vision est de développer le solaire de demain sera intelligent, flexible et piloté », souligne Jean-Yves Stephan, CEO & cofondateur de Storio Energy.

Octopus Energy France |Repenser le soutien public au solaire : à quand une aide à l’installation de batteries résidentielles pilotables ?

Mercredi 12 février, le gouvernement a rendu public un projet d’arrêté visant à baisser le soutien de l’État aux petites et moyennes installations photovoltaïques sur toiture. Il vise ainsi à diviser par trois, dès cette année, le prix auquel le surplus de l’électricité produite par les installations solaires des foyers français sera racheté. Quelles conséquences, pour les consommateurs comme pour la filière ?

« Alors que le développement des énergies renouvelables s’accélère, la question du soutien public à l’installation de panneaux solaires devient plus stratégique que jamais. Avec une approche mieux ciblée, jusqu’à 10 milliards d’euros pourraient être économisés par l’État d’ici à 2030, tout en rendant l’autoconsommation solaire plus efficace pour les particuliers et le réseau électrique », estime Lancelot d’Hauthuille, directeur général d’Octopus Energy France.

Les enjeux au cœur du débat selon Lancelot d’Hauthuille :

  • Le coût réel du soutien public actuel : le mécanisme de l’ »obligation d’achat » garantit aujourd’hui aux particuliers un prix de rachat sur 20 ans bien supérieur aux prix de marché, engageant des financements publics massifs, alors que les prix de l’électricité baissent aux heures solaires.
  • Un modèle à réinventer : plutôt que de subventionner indéfiniment la revente d’énergie au réseau, Octopus Energy propose d’orienter ces aides vers l’installation de batteries résidentielles pilotables, permettant aux foyers de stocker leur production et d’optimiser leur consommation. Une approche plus efficace, plus durable et qui soutiendrait un déploiement massif du solaire en France.
  • Un enjeu européen et mondial : certains pays comme l’Espagne ont déjà amorcé cette transition pour adapter leurs mécanismes de soutien à la réalité du marché et éviter la volatilité des prix de l’électricité.

« On peut comprendre que, dans l’urgence actuelle, l’État décide de mettre fin à un système qui lui cause une hémorragie financière qui aurait pu se chiffrer en dizaines de milliards d’euros, tout en désincitant les Français à optimiser leur consommation. On doit même s’en féliciter. Mais l’autoproduction à domicile et l’autoconsommation ont un rôle éminent à jouer dans la transition énergétique et cette décision soudaine risque d’impacter les projets d’installation de beaucoup de Français (et donc d’affecter de nombreux emplois dans la filière).

Aujourd’hui, les moyens existent pour inciter les foyers à consommer leur propre production, en minimisant ou optimisant le recours au réseau. Cela passe bien sûr par de l’optimisation locale (faire fonctionner son chauffe-eau – et demain sa pompe à chaleur – quand il y a du soleil par exemple), mais aussi par la démocratisation de systèmes couplant solaire et flexibilité grâce aux batteries à domicile. Bien utilisées, ces batteries permettront de réduire les besoins d’investissements dans les réseaux (en tirant sur le réseau électrique quand celui-ci est en surplus de production et en y réinjectant de l’énergie quand il est tendu). C’est cette réflexion que l’État doit mener rapidement, après avoir tourné la page du mécanisme actuel : l’aide à l’installation de batteries résidentielles pilotables. Il s’agit là d’une réelle opportunité pour rendre le système énergétique plus flexible et résilient tout en optimisant les dépenses du pays ! », renchérit Vincent Maillard, président d’Octopus Energy France.

Octopus Energy France est un fournisseur d’électricité verte et locale qui achète son électricité auprès de 18 centrales françaises, investit 1 milliard d’euros dans les énergies renouvelables en France d’ici 2025, et développe des outils technologiques innovants via sa branche Kraken Technologies. 

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