AO PV CRE 4.6 sur Bâtiments : seulement 112 MWc attribués pour 243 projets !
Les résultats de la 6e période de l’appel d’offres pour des installations photovoltaïques sur bâtiments (AO CRE 4.6 ISB) de 100 kWc à 8MWc de puissance en France métropolitaine, dévoilés en partie vendredi dernier (voir notre article), sont maintenant publiés dans leur intégralité. Au total, les 243 projets retenus affichent une puissance cumulée de seulement 112 MWc, pour une puissance recherchée de 300 MWc. Le cabinet de conseil financier en énergies nouvelles Finergreen a analysé les résultats, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) considère, elle, la situation préoccupante et s’interroge sur la pertinence de maintenir le dispositif en l’état et son calendrier …
Rappelons que l’appel d’offres porte sur deux familles d’installations : la famille 1 des installations de puissance comprise entre 100 kWc et 500 kWc qui bénéficient du mécanisme de contrat d’achat ; et la famille 2 des installations de puissance comprise entre 500 kWc et 8 MWc qui bénéficient du complément de rémunération.
Première constatation : l’appel d’offres a été largement sous-souscrit par les développeurs. Finergreen a en effet identifié 218 projets pour la famille 1, pour une puissance totale de seulement 60 MWc. La famille 2 affiche 25 projets lauréats, pour une puissance totale de seulement 52 MWc. La puissance cible était de 300 MWc !
Deuxième constatation : le cabinet Finergreen a noté que le tarif moyen décerné aux lauréats est en hausse par rapport à la tranche précédente. Pour l’AO CRE 4.6 ISB, le tarif moyen se situe à 91,2 euros/MWh pour la famille 1 et à 77,2 euros/MWh pour la famille 2, contre respectivement 72 euros/MWh et 64 euros/MWh pour l’AO CRE 4.5 ISB. Soit respectivement 10% et 7% plus élevés.
Troisième constatation : deux développeurs ayant figuré dans le trio de tête à la tranche précédente se retrouvent en tête de cette 6e tranche (Urbasolar et Reden Solar).
Une constante : les trois premières régions lauréates se sont vues attribuer près de trois quarts des projets, et l’Occitanie est la région rassemblant le plus de projets lauréats.
Pour consulter l’ensemble de l’analyse de Finergreen, cliquer ici
Au vu des chiffres, la CRE constate que, « pour la première fois depuis le lancement des appels d’offres dédiés aux installations photovoltaïques sur bâtiments en 2011, cette période de candidature s’est avérée non concurrentielle avec une puissance cumulée des dossiers déposés qui ne représente que 38% de la puissance cumulée appelée… et des prix moyens pondérés des dossiers … en hausse de respectivement 10 et 7 % pour les familles 1 et 2 par rapport à la cinquième période. »
La CRE demande aux pouvoirs publics d’étudier les raisons de cette situation préoccupante, notamment sur les points suivants : l’adéquation des puissances recherchées avec la capacité de développement de la filière ; les freins qui pèsent sur le rythme de développement des projets ; l’existence de comportements spéculatifs pariant sur une baisse des prix des panneaux entre la remise de l’offre et l’achat du matériel (auquel cas il faudrait réduire les délais imposés par le cahier des charges pour réaliser les projets et/ou appeler des garanties financières d’exécution en cas de retard).
Pour la CRE, « selon les résultats de cette analyse qui pourrait nécessiter de décaler la prochaine période, et si le risque d’un contexte concurrentiel dégradé ne pouvait être écarté, il conviendrait de modifier l’appel d’offres en mettant en œuvre tout ou partie des mesures suivantes : réduire les volumes recherchés ou la fréquence des périodes jusqu’à ce que les acteurs aient constitué un stock de projets en lien avec la puissance actuellement envisagée ; baisser les prix plafonds afin que l’anticipation d’un défaut de concurrence ne conduise pas certains acteurs à déposer des offres à des prix majorés. »
Pour consulter la délibération de la CRE, cliquer ici
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